Cadre et objectifs
Les 2 motu Omaï (le "grand" et le "petit") se trouvent sur la côte sud de Rangiroa. Il faut donc pour s'y rendre traverser le lagon dans sa largeur depuis la zone habitée (environ 2 heures de trajet). Le récif entourant les îlots ne permet pas au bateau de s'approcher à moins d'une centaine de mètres du rivage. Il faut donc marcher un certain temps avec de l'eau jusqu'à la taille en portant le matériel.
Cette mission d'une semaine sur place a été réalisée avec l'ornithologue de la Société d'Ornithologie MANU afin d'établir un suivi de la population de gallicolombes érythroptères. Cette espèce endémique, classée "en danger critique d'extinction" (CR) par l'UICN est présente sur seulement quatre îles polynésiennes (dont trios atolls des Gambier, plus Rangiroa).
Les objectifs étaient de :
- suivre les individus et d'acquérir des données sur la biologie et l'écologie alimentaire,
- d'améliorer leur habitat
- faire un test de nourrissage artificiel avec des graines du commerce.
Caractéristiques du milieu
L’atoll de Rangiroa possède onze espèces d’oiseaux
terrestres indigènes dont quatre sont endémiques (que l'on ne trouve pas ailleurs) de Polynésie française : la Gallicolombe
érythroptère Gallicolumba erythroptera, le Ptilope des Tuamotu Ptilinopus coralensis, le Lori nonnette Vini
peruviana et la Fauvette ou Rousserole des Tuamotu Acrocephalus
atyphus.
La présence du Lori nonnette et de la Gallicolombe érythroptère a permis le
classement des motus de l’ouest et du sud-ouest de Rangiroa en ZICO (Zone
Importante pour la Conservation des Oiseaux).
La végétation des motu a été fortement modifiée par
les cultures traditionnelles (taro, qui est un tubercule local) et coloniales
(coprah, l’amande de la noix de coco) et il existe très peu de zones non modifiées
par la présence humaine. Les nombreuses cocoteraies en friche ou encore exploitées,
de part le fait que ce sont des monocultures, ne sont pas très favorables à la
présence d’oiseaux. Parmi la flore indigène trouvée sur les motu et favorable
aux oiseaux, on peut citer le pu’atea (ou pourpier) Pisonia grandis, le a’ie Pemphis acidula, et le
kahaia Guettarda speciosa.
Connaissances sur la Gallicolombe érythroptère
La Gallicolombe erythroptère ou u’uaira’o (archipel de la Société), u’u airao, amaho (Tahiti), tutururu (archipel des Tuamotu), itikoe (Mangareva) Gallicolumba erythroptera (Gmelin, 1789), est une espèce endémique de Polynésie française. Autrefois présente dans au moins vingt-quatre îles et atolls de la Société (dont Tahiti et Moorea) et des Tuamotu-Gambier. La situation actuelle est précaire avec seules 4 populations connues pour l’espèce : atolls de Tenararo, Vahanga, Morane (archipel des Gambiers) et Rangiroa. Avec moins de 100 oiseaux estimés, l’espèce est inscrite en catégorie A sur la liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française. Elle est classée "gravement menacée d’extinction" (CR) sur la liste rouge de BirdLife International.
La Gallicolombe erythroptère ou u’uaira’o (archipel de la Société), u’u airao, amaho (Tahiti), tutururu (archipel des Tuamotu), itikoe (Mangareva) Gallicolumba erythroptera (Gmelin, 1789), est une espèce endémique de Polynésie française. Autrefois présente dans au moins vingt-quatre îles et atolls de la Société (dont Tahiti et Moorea) et des Tuamotu-Gambier. La situation actuelle est précaire avec seules 4 populations connues pour l’espèce : atolls de Tenararo, Vahanga, Morane (archipel des Gambiers) et Rangiroa. Avec moins de 100 oiseaux estimés, l’espèce est inscrite en catégorie A sur la liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française. Elle est classée "gravement menacée d’extinction" (CR) sur la liste rouge de BirdLife International.
| Un jeune tutururu mâle, photo personnelle |
Faune
Les animaux les plus présents sont les oiseaux.
Les animaux les plus présents sont les oiseaux.
En dehors des tutururu, ce sont essentiellement des oiseaux de mer qui nichent sur place, profitant de la tranquillité qu'offre un motu non habité, et exempt des principaux prédateurs. On trouve essentiellement des noddis : noddi brun (Anous stolidus) et noddi noir (Anous minutus), des gygis blanches (Gygis alba), des sternes huppées (Sterna bergii), des fous bruns (Sula leucogaster) et fous à pieds rouges (Sula Sula). On observe également quelques frégates ; il existe deux espèces : les frégates ariel (Fregata ariel) et frégates du Pacifique ou grande frégate (Frégata minor).
Comme oiseaux terrestres visibles, mais nettement moins nombreux, on peut croiser quelques chevaliers errants (Tringa incana) et courlis d'Alaska (Numenius tahitiensis), venants tous deux d'Amérique du nord et hivernant de septembre à avril-mai dans le pacifique.
Quelques crabes verts (Grapsus tenuicrustatus) se pressent sur les rivages. A l'intérieur des motus, cachés dans les cavités d'arbres adultes ou grimpant sur de très jeunes troncs, des crabes de cocotier ou Kaveu (Birgus latro) aux couleurs vives se défendent en tendant leurs pinces sur notre passage. A ce jour, nous n'en avons vu aucun s'attaquer à des oeufs, mais leur habileté à grimper en font des prédateurs potentiels. Plus grand arthropode terrestre, mais qui ne l'est qu'à l'âge adulte. Ses puissantes pinces lui permettent d'ouvrir les noix de coco dont il se nourrit (en partie). Plusieurs autres espèces de bernard-l'ermites (Dardanus sp.) sont très présents.
Chaque passage sur les motu Omaï permettent de vérifier l'absence des principaux prédateurs des tutururu (et autres oiseaux). Ce sont essentiellement les rats : le rat polynésien (rattus exulens) et le rat noir (rattus rattus).
Comme oiseaux terrestres visibles, mais nettement moins nombreux, on peut croiser quelques chevaliers errants (Tringa incana) et courlis d'Alaska (Numenius tahitiensis), venants tous deux d'Amérique du nord et hivernant de septembre à avril-mai dans le pacifique.
Quelques crabes verts (Grapsus tenuicrustatus) se pressent sur les rivages. A l'intérieur des motus, cachés dans les cavités d'arbres adultes ou grimpant sur de très jeunes troncs, des crabes de cocotier ou Kaveu (Birgus latro) aux couleurs vives se défendent en tendant leurs pinces sur notre passage. A ce jour, nous n'en avons vu aucun s'attaquer à des oeufs, mais leur habileté à grimper en font des prédateurs potentiels. Plus grand arthropode terrestre, mais qui ne l'est qu'à l'âge adulte. Ses puissantes pinces lui permettent d'ouvrir les noix de coco dont il se nourrit (en partie). Plusieurs autres espèces de bernard-l'ermites (Dardanus sp.) sont très présents.
Chaque passage sur les motu Omaï permettent de vérifier l'absence des principaux prédateurs des tutururu (et autres oiseaux). Ce sont essentiellement les rats : le rat polynésien (rattus exulens) et le rat noir (rattus rattus).
Résultats de la mission
Cette visite de plusieurs jours sur les motus Omaï nous a permis d'installer des panneaux de sensibilisation (un pancarte sur chaque motu) à la présence des tutururu pour encourager toute personne de passage à préserver cet habitat.
Nous avons également testé des dispositifs de nourrissage à partir de graines du commerce en faveur des tutururu. Ces dispositifs ont effectivement attiré quelques gallicolombes venues se nourrir, mais n'ont malheureusement pas résisté à l'adresse et l'habileté des bernard-l'ermites qui ont franchi allègrement les barrières prévues pour les repousser. Ce système ne sera donc pas pérennisé.
Amélioration des connaissances du tutururu
Le fait de rester plusieurs jours de suite sur place (avec 3-4 personnes disponibles pour des observations durant 5 jours) a permis d'améliorer les connaissances sur le comportement des tutururu à Rangiroa.
Comportement
Chant d'un mâle
Pour la première fois dans l’étude de l’espèce, des roucoulements de mâles perchés ont été entendus : sur Rangiroa en novembre 2011 (où ils ont permis de localiser les oiseaux dans les arbres) et surtout en juillet 2012, avec un oiseau en parade continuelle sur plusieurs jours.
Les mâles émettent ces sons en hochant la tête vers le bas et restent dans cette position pendant parfois 1 minute. Ils se tournent ensuite d’un quart de cercle et répètent la même parade, jusqu’à avoir fait les 4 points cardinaux. Le roucoulement est peu audible, sourd, soufflé et porte rarement à plus de 20 m pour une oreille humaine. Un mâle a été suivi pendant 4 journées (au moins 3 h par jour) et tout au long de cette durée il passait le plus clair de son temps (80 %) perché, à roucouler dans un secteur de 50 m de diamètre dans le sud-ouest du motu principal.
Cette visite de plusieurs jours sur les motus Omaï nous a permis d'installer des panneaux de sensibilisation (un pancarte sur chaque motu) à la présence des tutururu pour encourager toute personne de passage à préserver cet habitat.
Nous avons également testé des dispositifs de nourrissage à partir de graines du commerce en faveur des tutururu. Ces dispositifs ont effectivement attiré quelques gallicolombes venues se nourrir, mais n'ont malheureusement pas résisté à l'adresse et l'habileté des bernard-l'ermites qui ont franchi allègrement les barrières prévues pour les repousser. Ce système ne sera donc pas pérennisé.
Amélioration des connaissances du tutururu
Le fait de rester plusieurs jours de suite sur place (avec 3-4 personnes disponibles pour des observations durant 5 jours) a permis d'améliorer les connaissances sur le comportement des tutururu à Rangiroa.
Comportement
Même s'il est en mesure de voler, cet oiseau passe le plus clair de
son temps au sol. Un mâle a été vu en parade quasiment continuelle au
cours de 4 journées, représentant 43 % des observations. En retirant cette
donnée, biaisant les résultats car nous recherchions volontairement cet
individu, les tutururu passent 79 % de leur temps à rechercher de la nourriture. Ils passent 13 % de leur temps à la toilette de leur plumage et
seulement 6 % de leur temps à se déplacer sans s’alimenter.
Tab 1 : Données sur le comportement des tutururu en
juillet 2012 à Rangiroa
Comportement
|
Durée (en sec)
|
Proportion
|
Durée (en sec)
|
Proportion
|
Alimentation sur plantes
|
8708
|
33,5%
|
8708
|
59%
|
Glanage insecte / graines au sol
|
2875
|
11,0%
|
2875
|
20%
|
Marche simple
|
621
|
2,4%
|
621
|
4%
|
Parade
|
11330
|
43,5%
|
||
Toilette
|
1848
|
7,1%
|
1848
|
13%
|
Interactions intra spécifique
|
380
|
1,5%
|
380
|
3%
|
Vol
|
267
|
1,0%
|
267
|
2%
|
TOTAL
|
26029
|
14699
|
Notion de territoire
Les 8 individus que nous avons pu observer ont tous été bagués (2010 et 2011). Nous avons pour la première fois, grâce aux bagues, qu'il utilisent l'ensemble des motu pour leur alimentation, tout en ayant un
"territoire" propre à chacun. Les mâles défendent l’intrusion
d’autres mâles tandis que les femelles circulent librement et ne semblent pas
avoir de territoires délimités comme les mâles. Tous les déplacements des oiseaux
ont été notés et un suivi de l’utilisation du motu est à mener. Chant d'un mâle
Pour la première fois dans l’étude de l’espèce, des roucoulements de mâles perchés ont été entendus : sur Rangiroa en novembre 2011 (où ils ont permis de localiser les oiseaux dans les arbres) et surtout en juillet 2012, avec un oiseau en parade continuelle sur plusieurs jours.
Les mâles émettent ces sons en hochant la tête vers le bas et restent dans cette position pendant parfois 1 minute. Ils se tournent ensuite d’un quart de cercle et répètent la même parade, jusqu’à avoir fait les 4 points cardinaux. Le roucoulement est peu audible, sourd, soufflé et porte rarement à plus de 20 m pour une oreille humaine. Un mâle a été suivi pendant 4 journées (au moins 3 h par jour) et tout au long de cette durée il passait le plus clair de son temps (80 %) perché, à roucouler dans un secteur de 50 m de diamètre dans le sud-ouest du motu principal.
En août 2012, le premier nid de Gallicolombe erythroptère, construit dans un
pandanus, aurait été découvert : l’oiseau a été observé paradant à moins d’un mètre cette plateforme
de branchette, mais n’a pas été vu construire directement le nid.
Interventions sur le milieu
Nous avons réalisé quelques expérimentations de favorisation des espèces
consommées par le Tutururu notamment le pokea (Portulaca lutea), présentant une répartition réduite, limitée à une
bande côtière de quelques mètres de largeur et principale alimentation du
Tutururu à Rangiroa. Les Puatea (Pisonia
grandis) et les Tohonu (Heliotropifolium argentea) ont tendance à
s'étendre au-dessus de certaines zones de pokea, qui ne résiste pas à l'ombre
et meurt au bout de quelques temps. Un agrandissement des clairières à pokea a
été réalisé et sera suivi par la suite.
Parallèlement, il a été procédé à l'arrachage de jeunes cocotiers arrivant par voie de mer sur les rivage des motu.
Implication des acteurs locauxLa mairie de Rangiroa apporte son soutien aux actions en faveur du tutururu en mettant à disposition de la S.O.P. MANU une embarcation (de 1 à 3 fois par an). Hans Gfeller, proporiétaire dun motu voisin de Omaï et membre du conseil municipal, est présent lors de chaque action pour nous conduire sur place et proposer son soutien.
La S.O.P. MANU a également obtenu de la part de son propriétaire la location gratuite du grand motu Omaï pour 9 ans.
La veille du départ de notre mission sur Omaï, une réunion publique d'information n'a réuni qu'une poignée de personnes (pour la plupart déjà concernées et engagée pour la protection du tutururu). Une intervention d'une demi-heure en français et en tahitien sur la radio locale a permis de diffuser plus largement des informations sur la situation actuelle de cette espèce. Une campagne d'affichage, débutée à la même date, a complété cette action de sensibilisation de la population locale.
Sources : Les lagons de Polynésie françasie, Polymages, Jean-Louis Saquet, 2011 ; Oiseaux du Fenua, Tahiti et ses îles, Thétys éditions, Anne Gouny, Thierry Zysman, 2011, Lettre Te Manu n°81, juin 2013.
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